mercredi 11 mars 2015

Une soirée d'amitié exceptionnelle...

photo : Jean-Matthieu Gautier


Ce mardi soir, c'est devant un théâtre Chateaubriand plein qu'a été joué la pièce Pierre et Mohamed. Extrait du mot d'accueil prononcé par le P. Olivier. 

C’est avec un groupe de chrétiens (Agnès, Laurence, Pierre-Gilles et Michel) que nous avons entrepris d’accueillir la pièce que vous allez voir Pierre et Mohamed.

Lorsque ces paroissiens m’ont fait cette proposition, il y a de nombreux mois, j’ai tout de suite accepté. Pour deux raisons principales…

D’abord, j’avais appris à connaître Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran, après son assassinat le 1er aout 1996 avec son chauffeur Mohamed Bouchikhi, un jeune Algérien musulman de 21 ans, à peine trois mois après celui des Moines de Thibirine, par une vidéo du Jour du Seigneur et en lisant certains de ces textes. Je pense en particulier à l’homélie dite de Prouihle, berceau de l’Ordre dominicain, prononcée par lui le 23 juin 1996, soit quelques jours avant sa mort. Un texte d’une force inouïe dont vous entendrez un extrait dans le spectacle. Lui le natif d’Algérie, qui par le scoutisme en particulier, fut frère dominicain et a été ordonné évêque en 1981 pour le diocèse d’Oran, fin connaisseur de l’Islam et passionné du dialogue en vérité, a des paroles de feu qui résonne avec force et actualité à nos oreilles.

Ensuite, j’ai eu la chance de voir cette pièce à Rennes l’année dernière. La qualité du texte, écrit par le fr. dominicain Adrien Candiard à partir de textes de Pierre Claverie lui-même, et de l’interprétation de Jean-Baptiste Germain, accompagné sur scène par la musique de Francesco Agnello avec son drôle d’instrument m’ont instantanément convaincu.

Il faudrait aujourd’hui sûrement en ajouter une troisième qui n’a fait que s’accentuer ces derniers mois : l’actualité. La présence d’un Islam radicalisé qui se manifeste partout hors et dans nos frontières ne peut que nous interroger.

Pierre Claverie et ce spectacle vont nous délivrer un message de paix, de dialogue, d’amitié. Mais en regardant et écoutant ce spectacle, je souhaiterai que nous évitions une tentation qui je crois ne serait pas fidèle à Mgr Claverie : l’angélisme. Cette amitié entre Pierre et Mohamed, entre un évêque catholique et un chauffeur musulman était pure. C’est à dire dans la vérité. C’est à dire non pas dans la confusion ou dans un quelconque syncrétisme. Aimer l’autre, c’est l’aimer dans sa différence acceptée et respectée. Cette pièce est sans doute une invitation pour nous à répondre à l’appel lancé par le Pape François en 2014. Il écrivait  «  je désire adresser un appel fort à tous ceux qui, par les armes, sèment la violence et la mort : redécouvrez votre frère en celui qu’aujourd’hui vous considérez seulement comme un ennemi à abattre, et arrêtez votre main ! Renoncez à la voie des armes et allez à la rencontre de l’autre par le dialogue, le pardon, et la réconciliation, pour reconstruire la justice, la confiance et l’espérance autour de vous ! »